Le barrage d’Itaipu

Merveille du Monde Moderne ou Monstre du Progrès ?

Date du séjour : 19 août 2014

Avant de me rendre dans le Pantanal via un bus de nuit direction Campo Grande, il me restait quasiment une journée entière à Foz de Iguaçu. Mes nouveaux compères Alice, Lulu et Hugo, rencontrés la veille lors de ma visite des chutes d’Iguazu côté argentin, m’ont proposé de venir avec eux découvrir le barrage d’Itaipu.

Etant considéré  comme une prouesse technologique mondiale (et la piscine de la pousada étant en travaux depuis le matin…), je me suis dit que cela valait effectivement le coup de m’y rendre. Nous avons réservé notre visite — car on ne peut y aller que sur réservation — et avons pris un bus local.

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Les trois drôles de dames : Marie, Lulu et Alice… (Charlie prend la photo).

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Au premier plan : Hugo, Alice et Lulu – mes sympathiques compagnons de visite à Iguaçu et Itaipu

J’étais d’humeur bougonne ce jour-là (peut-être dû au trop court sommeil matinal perturbé par le bruit des travaux ?) et frustrée que la visite soit en portugais durant deux heures où je ne captais que 5% des explications alors que cela semblait très intéressant. A ma demande de traduire quelques éléments en anglais comme cela m’avait été annoncé lors de la réservation, le guide a répliqué que comme je comprenais l’espagnol, je devais comprendre déjà l’essentiel en portugais (ce qui est faux étant donné le fossé important dans la prononciation de ces deux langues) et qu’il n’allait pas traduire ses explications seulement pour moi… De quoi me mettre d’encore meilleure humeur ! Heureusement qu’Alice m’a aidée à retrouver le sourire et surtout mon sens de l’humour en prenant des poses glamour devant les machines. Avec nos habits de chantier, l’effet était garanti !

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Comme je ne m’arrête pas à de bêtes obstacles de langue ou à des sauts d’humeur, je partage avec vous ce que j’ai appris via Wikipedia, car ce barrage est tout de même unique au monde !

La centrale hydroélectrique d’Itaipu est située sur le rio Paraná, à la frontière entre le Brésil et le Paraguay. Elle a été construite par les deux pays entre 1975 et 1982. La centrale est aujourd’hui la seconde au monde en puissance installée et reste la première en quantité cumulée d’énergie produite.

On se rend en effet compte de la prouesse technologique du site lorsqu’on le visite. Tout est démesuré et impressionnant.

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Itaipu signifie « la pierre qui chante » en guarani et fait référence à la petite île située sur le fleuve avant les travaux. La « pierre qui chante » est en fait un gigantesque bloc de béton assez hideux qui a engendré le déplacement de 10 000 familles, détruit une partie de la faune et de la flore et inondé la cascade des Sept Chutes, qui étaient alors les plus grandes chutes du monde par leur volume et l’une des plus fascinantes formations naturelles de la planète.

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Après la fermeture des écluses du barrage, une surface de presque 1 500 km2 de forêts et terres agricoles fut engloutie. Les promoteurs du projet mettent toutefois en avant l’opération Mymba Kuera qui permit à des volontaires de sauver 4 500 animaux (singes, porcs-épics, lézards, araignées, tortues…) amenés dans une région voisine à l’abri de l’eau.

Pourtant le barrage d’Itaipu est selon l’American Society of Civil Engineers (Association américaine des ingénieurs en génie civil) l’une des sept merveilles du monde moderne.

Lorsqu’on découvre la rétrospective en images de la construction de cet immense barrage, il y a de quoi en effet être impressionné :

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Avant : Et au milieu coule une rivière…

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1975 : Début des travaux

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1978: Démolition des arches en béton dans le canal de diversion

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1979 : Dérivation de la rivière et batardeaux dans le lit original de la rivière

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1982 : Fosse pour la première unité de production

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« I got the blues at Itaipu » (variante : Itaipu by night)

Et si vous n’êtes toujours pas impressionné, voici quelques chiffres clés :

  • Le cours du septième plus grand fleuve du monde a été déplacé, ainsi que l’ont été 50 millions de tonnes de terre et de roche.
  • Le béton utilisé pour la construction du barrage aurait permis de réaliser 210 stades Maracanã.
  • Le fer et l’acier utilisés dans cette construction auraient permis de réaliser 380 Tours Eiffel.
  • Le volume de terre et de roche extrait pour la construction du barrage est 8,5 fois plus important que celui extrait lors de la construction du tunnel sous la Manche ; 15 fois plus de béton a également été utilisé.
  • Environ 40 000 personnes ont travaillé à la construction.
  • 148 ouvriers travaillant sur le chantier sont morts durant les travaux : 144 directement sur le chantier et quatre en se rendant à leur lieu de travail
  • La longueur totale du barrage est de 7 235 m. Son point le plus haut culmine à 225 m.
  • Le lac de retenue a une superficie de 1 350 km2, allant de Foz de Iguaçu au Brésil à Ciudad del Este au Paraguay, jusqu’à Guaíra et Salto del Guairá 150 km au nord.
  • Le débit maximum des 14 canaux de décharge est de 62 200 mètres cubes par seconde, ce qui correspond à 40 fois le débit des Chutes d’Iguazú.
  • Le débit nécessaire à deux unités génératrices (700 m3/s chacune) correspond au débit moyen de ces chutes.
  • Le barrage fait économiser au Brésil 434 000 barils (69 000 m3) de pétrole par jour.
  • Le réservoir du barrage est le septième plus grand en taille du Brésil, mais il est celui qui a le meilleur ratio entre la quantité d’électricité produiteet la surface inondée. Pour une puissance de 14 000 MW, 1 350 km2 ont été inondés. Le second plus puissant barrage du Brésil, « Tucurui », a requis l’inondation de 2 430 km2 pour produire 8 000 MW.
  • Le premier turbo-alternateur est entré en service en mai 1984 ; le dix-huitième, le 9 avril 1991. Deux nouveaux groupes ont été mis en service en 2006 portant la puissance totale installée à 14 000 MW.
  • Les vingt groupes de 700 MW sous une hauteur de chute nominale de 118 m, produisent annuellement plus de 90 térawatt-heures (TWh). 90% de la production dela centrale est consommée au Brésil.
  • En 2008, la centrale a établi un record de production de 94,68 TWh, subvenant alors à 90 % de la demande d’électricité paraguayenne et à 19 % de la consommation brésilienne…

Source: Wikipedia

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Alors, merveille ou monstre du progrès ?

Comme souvent, je pense que la réponse n’est pas binaire et qu’il y a du vrai dans les deux points de vue mais qu’il est tout de même triste et questionnable de devoir détruire des sites naturels aussi extraordinaires pour subvenir aux besoins énergétiques de la population humaine.

Une chose est sûre, j’ai préféré les papillons au béton et la visite des chutes d’Iguaçu à celle du barrage d’Itaipu…

D’ailleurs ma prochaine étape va m’emmener dans l’un des plus beaux sites sauvages de la planète. La nature, la faune et la flore y sont remarquablement préservés.

Embarquez prochainement avec PicsandTrips pour découvrir le Pantanal !