Trek légendaire en Bolivie
Dates du séjour : du 9 au 11 juillet 2014
Pour tout vous avouer, j’ai failli ne pas aller au Salar d’Uyuni. J’étais tellement angoissée sur les routes de montagne du jungle trek Machu Picchu, que j’ai envisagé ne pas aller en Bolivie, craignant de nouvelles routes de montagnes et autres ravins vertigineux. L’expérience du Machu Picchu m’ayant in fine subjuguée et ayant « survécu » entretemps au dénivelé de La Paz, je me suis dit que ce serait quand même idiot de ne pas faire ce que quasiment tous les « tourdumondistes » considèrent comme l’un des summums de leur voyage.
Un autre élément me tracassait pas mal : les voyageurs que j’avais rencontrés à Cusco, Puno, Copacabana ou Isla del Sol qui revenaient récemment du Salar, m’avaient indiqué qu’il faisait parfois jusqu’à moins vingt degrés à cette période de l’année et que les logements durant le trek étaient rudimentaires et sans chauffage. Bref, un sacré dilemme : y aller ou pas ?
Mais je ne pouvais pas rater ça. Il fallait toutefois que je me prépare psychologiquement… Du coup, j’ai interrogé pas mal de voyageurs et j’ai fait des recherches sur internet pour choisir l’agence qui m’offrirait le meilleur confort possible pour ce trek. J’ai vite réalisé que je ne pourrai pas m’offrir le luxe de privatiser une jeep ni un hôtel avec du chauffage étant donné les prix exorbitants et le fait que les canalisations gèlent de toutes façons à cette période de l’année et que l’on dispose au mieux de deux heures de chauffage. En revanche, à force de discuter et de lire des blogs, j’ai repéré un tour opérateur qui sortait du lot : Red Planet recevait d’excellents retours des voyageurs.
A La Paz, j’ai fait quelques recherches complémentaires directement auprès des agences en comparant les offres et les tarifs. J’ai trouvé une agence qui offrait le trek Red Planet pour un tarif correct et ai proposé à Thomas, mon compagnon de route français rencontré lors de ma première semaine péruvienne, de réserver ce circuit avec moi. Thomas avait eu la gentillesse de « m’attendre » à La Paz pour faire le Salar d’Uyuni avec moi. Cela me faisait très plaisir, surtout après ma longue trêve seule à l’hosto à Arequipa, et cela me rassurait pas mal aussi d’être en bonne compagnie étant donné toutes les appréhensions décrites ci-dessus !
Nous avons choisi le trek 3 jours/2 nuits, l’un des plus vendus, et qui permet de faire le cimetière de trains près de la ville d’Uyuni, le désert de sel, l’île au poisson (en fait une ancienne île désormais sans mer et recouverte d’une forêt de cactus), le désert de Chiguana et ses volcans, les lagons andins (dont le Lagon Rouge et et le Lagon Vert) et leurs photogéniques flamands roses, le désert de Siloli et l’arbre de pierre, le cratère du volcan Sol de Mañana à 5000 m d’altitude avec ses geysers et le désert de Dali. Je n’avais entendu parler pour ma part que du désert de sel d’Uyuni, le plus grand du monde, et l’un des endroits les plus divertissants pour faire des photos surréalistes. Quelques données : superficie de plus de 10 000 km2, un tiers des réserves de lithium exploitables de la planète, dimensions de 150 kilomètres sur 100. Sa formation remonte à 10 000 ans, quand l’étendue d’eau salée était une partie du Lago Minchin, un lac préhistorique géant. En s’asséchant, il a laissé derrière lui le gigantesque salar d’Uyuni.
J’ai beaucoup aimé le désert de sel où nous avons passé de bons moments à imaginer des scènes comiques et joué avec nos appareils photos. Mais j’ai en fait davantage préféré les deux derniers jours dans les volcans et les lagons, avec des paysages lunaires extraordinaires et des lagons aux couleurs incroyables. Ce qui est fantastique dans ce trek c’est que l’on voit une multitude de paysages plus admirables les uns que les autres, et ce, dans une même région. A chaque nouvelle visite, j’étais éblouie et cela semblait ne jamais s’arrêter, comme si l’on nous offrait de très belles surprises toutes les deux heures pendant 3 jours !
Je vais vous laisser découvrir tout cela en images mais auparavant, laissez moi vous narrer l’autre surprise de cette expédition, ce qui a rendu ce trek encore plus agréable.
Sur le bateau qui me ramenait d’Isla del Sol à Copacabana, j’ai rencontré une Allemande qui semblait bien dans ses baskets et voyageait également seule. Ayant appris lors de notre conversation qu’elle comptait également se rendre dans le Salar, je lui ai demandé si cela lui disait de faire éventuellement le trek avec moi depuis La Paz. Elle m’a répondu qu’elle préférait ne rien planifier et ne savait pas quand elle partirait pour Uyuni. Je comprenais très bien et étais même admirative de ce lâcher prise total.
Or, une fois montée dans le bus La Paz-Uyuni, devinez qui se trouvait sur le siège juste à côté du mien ? La voyageuse Allemande évidemment ! J’ai présenté Julia (son nom) à Thomas et lui ai proposé de se joindre à nous si elle n’avait pas encore réservé son trek, ce qu’elle a accepté cette fois sans hésiter.
J’ai tout de suite bien accroché avec Julia. Elle était volubile, pétillante et drôle. Thomas s’est également très bien entendu avec elle. Dès le lendemain nous étions comme trois larrons en foire, et ce, pendant toute la durée du trek.
Le trajet La Paz-Uyuni était cependant l’un des pires de mon voyage : 14 heures de bus dont environ 10 heures sur une route qui n’était plus une route mais une sorte de piste défoncée et gelée. Les fenêtres étaient gelées également. Cela sautait tellement que l’on avait l’impression que l’on allait être éjecté à chaque instant. Ah oui, j’ai oublié de préciser que j’étais la seule passagère dont la ceinture de sécurité était cassée… j’ai dû faire un noeud de fortune pour ne pas me retrouver à faire un vol plané dans le couloir (comme le paquet de chips de ma voisine de derrière qui s’est totalement éventré durant la nuit, laissant un parterre… des plus croustillants). A côté de ce trajet, le bus thai de Chiang Mai qui m’avait donné des sueurs froides était de la gnognotte ! Nous avons quasiment tous passé une nuit blanche…
L’une de mes premières missions à Uyuni, en plus de trouver une triple dose de café, fut de trouver une paire de lunettes de soleil, ayant oublié les miennes à La Paz, le comble quand on s’apprête à explorer l’un des endroits offrant les pires réverbérations du monde, quelques mois après s’être fait opérer des yeux ! J’ai essayé de trouver des lunettes avec le label « CE » (communauté européenne) comme me l’avait conseillé mon excellent ophtalmo, mais je pense que toutes les paires de lunettes d’Uyuni étaient « made in China », même la paire avec le label CE que j’ai achetée après de nombreux essayages. Je n’avais cependant pas trop le choix… et me suis dit que j’achèterai prochainement une nouvelle paire de meilleure qualité.
Après une nuit blanche, un petit déjeuner réparateur et de nouvelles lunettes à deux balles, le karma uyunien s’est modifié de façon très favorable :
- Nous avons eu la jeep la plus confortable, avec sièges en cuirs et même deux places de libre les deux derniers jours car une famille tombée malade en cours de route a déclaré forfait après la première nuit.
- Luis, notre guide Red Planet était top : il parlait bien anglais, donnait beaucoup d’explications dans chaque lieu, nous a « coachés » pour la séance photos du désert de sel, et il nous a même permis de jouer aux DJ et de faire nos propres sets musicaux dans la jeep tout en rechargeant nos portables ! Et surtout : il a accepté de danser la salsa avec moi dans le second refuge ! Je lui avais dit en effet être très déçue par le fait que finalement peu de latinos que j’avais rencontrés au Pérou et en Bolivie dansaient la salsa… il est vrai que Luis était d’origine colombienne et que la salsa est bien plus populaire en Amérique Centrale qu’en Amérique du Sud comme je l’ai découvert au cours de mon voyage…
- Nous avons même pu voir des OVNIs !! des nuages aux formes sidérantes… Même le guide et le chauffeur de la jeep ont pris des photos…
Le plus beau souvenir fut sans doute le bain de nuit dans les « hot springs » à 35 degrés, après le dîner du deuxième soir. Je ne voulais initialement pas y aller : il fallait se déshabiller et enfiler son maillot de bain alors qu’il faisait un froid glacial dans le refuge, puis sortir dehors et marcher 100 m dans un froid encore plus glacial avec sa frontale avant d’atteindre les sources d’eau chaude. Je me suis finalement laissée convaincre par mes compagnons et je dois dire que c’était une expérience inoubliable et exceptionnelle.
Nous avions le bassin pour notre seul groupe aussi longtemps qu’on le souhaitait. Ce n’est pas le cas des autres groupes qui y vont soit avant le dîner soit au moment du petit déjeuner le lendemain matin pendant 30 minutes max. Du coup nous avions l’impression d’être les VIP des hot springs ! En tout cas d’être sacrément privilégiés… Le ciel scintillait de milliers d’étoiles et la quasi pleine lune nous laissait apercevoir le lagon et les volcans juste à côté. Nos cheveux étaient gelés, il faisait environ moins dix degrés à l’extérieur mais on ne s’en rendait pas vraiment compte une fois dans l’eau. L’eau était divinement bonne. Et l’on pouvait siroter un verre de vin dans le bassin ! C’était magique. J’y suis restée deux bonnes heures (soit pas mal de vin…).
Je terminerai cet article en vous livrant ma recette pour survivre face au froid et passer la nuit dans un refuge non chauffé quand on est frileuse :
- Deux duvets (le mien + celui que j’avais loué)
- Plusieurs couvertures
- Une bouillotte
- Dormir emmitouflé des pieds à la tête
- Boire du thé
- Boire du vin bolivien (très efficace, cf supra !)
NB. Ne PAS courir pour se réchauffer car à plus de 4000 m d’altitude, mieux vaut économiser son souffle !
Bref, j’ai survécu et le trek valait vraiment la peine malgré le froid glacial. Cela fait même partie aujourd’hui de l’un de mes plus beaux souvenirs de voyage.
Mais assez de blabla, je vous laisse désormais découvrir cet endroit incroyable…
TREK SALAR JOUR 1
1.Le cimetière de trains… décor surréaliste !
Le Salar d’Uyuni, le plus grand désert de sel du monde et l’endroit idéal pour faire des photos délirantes (cf envie n°15) – on s’en est d’ailleurs donné à coeur joie…
J’ai inséré ici et là deux-trois photos prises par Julia et Thomas. Je vous invite à regarder également le superbe blog de « Julia abroad« .
L’île aux cactus (avec en guest stars le ciel bleu et la lune) :
Le coucher de soleil le premier soir :
TREK SALAR JOUR 2
Avec Luis, notre super guide de Red Planet
Le désert de Siloli et » l’arbre de pierre » :
Les extraordinaires lagons, d’une beauté à couper le souffle :
Geysers et fumerolles qui atteignent plus de 100 degrés et se trouvent à plus de 5000 m d’altitude :
Coucher de soleil du deuxième soir, juste avant d’arriver au refuge :
TREK SALAR JOUR 3
Lever du soleil, encore un moment extraordinaire…
Mais il fait très très froid et il y a beaucoup de vent…
Puis pour finir ce trek, passage à la frontière bolivienne, en plein coeur du désert, où même les renards viennent faire tamponner leur passeport… pour aller voir le superbe site chilien de San Pedro de Atacama, à une heure de route. Découvrez prochainement sur picsandtrips pourquoi on danse clandestinement dans des fermes à San Pedro de Atacama…
Adios linda Bolivia et bienvenue au Chili !
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