Chapada Diamentina, natureza lindissima !

Cascades, ruisseaux, roches multicolores, grottes et plateaux comme joyaux

Dates du séjour : du 4 au 6 septembre 2014

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A la poursuite du diamant vert…

Chapada Diamentina, encore un nom plein de rythmes, de mystères, de promesses…

« La Chapada Diamantina tire son nom de la forme des morros, ces montagnes aux contours circulaires qui forment comme des plaques (« chapa » en brésilien) en leurs sommets. Elle fait aussi référence aux diamants, principale ressource économique des garimpeiros, ces chercheurs – d’or à la base – qui ont jadis considérablement défiguré les montagnes à coups d’explosifs. Depuis 1996, cette méthode d’extraction du diamant est interdite (70 % des ressources en diamants sont encore sous la roche, inaccessibles) et les descendants des garimpeirosse sont reconvertis en guides touristiques. » (source : lemonde.fr – 23.10. 2013)

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Car le nouveau diamant de la région est bel et bien « vert » : bien qu’initialement connue pour ses mines de diamants, la région jouit en effet d’une nature exceptionnelle. Elle a pour joyaux ses 300 chutes d’eau, ses paysages préservés et variés, ses canyons parés de cascades d’eau pure, ses rivières cristallines où se reflètent des pierres multicolores, ses formations géologiques extraordinaires, ses grottes préhistoriques fascinantes parsemées de lagons turquoises…

Des rivières cristallines parées de roches multicolores

Des rivières cristallines parées de roches multicolores

A 400 km à l’ouest de Salvador de Bahia, l’ancienne région diamantifère attire aujourd’hui des milliers d’amateurs de randonnées et amoureux de la nature.

La région s’étend sur près de 38 000 km2, le parc national de la Chapada Diamantina couvrant 1 520 km2. L’Etat a déclaré la région parc national dans les années 1990, interdisant toute extraction de diamant et protégeant ainsi la nature. Cette oasis est nichée au coeur de la Dry Sertao, immense zone du Nordeste au climat semi-aride.

Trois bus partent quotidiennement de Salvador direction Lençois, une ville de 10 000 habitants qui constitue la porte d’entrée idéale de la Chapada Diamantina. J’ai pris le bus de nuit qui part à 23h00 et arrive vers 5h00 du matin pour optimiser le temps de trajet et le budget (= une nuit d’hébergement en moins, les baroudeurs utilisent souvent cette option…). Une personne de la pousada que j’avais réservée est venue me chercher sur le parking du bus, ce qui était rassurant à cette heure-là dans un village inconnu.

A mon arrivée dans l’auberge qui se trouvait en haut du village, on m’a offert un hamac pour me reposer et j’ai obtenu une chambre très tôt le matin sans avoir eu à payer un jour supplémentaire ce qui était très appréciable. La chambre était charmante et confortable, avec un balcon et une salle de bain privée. Je me suis allongée quelques heures le matin pour récupérer de ma courte nuit dans le bus frigorifié… heureusement on m’avait prévenue que la climatisation est très forte et je m’étais bien couverte ! Le petit déjeuner n’était pas mal du tout et servi sur des grandes tables en bois dans le jardin. Je recommande cette auberge accueillante qui offre par ailleurs des excursions: Pousada Dos Duendes.

Le village de Lençois :

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Serrano/Ribeirão do Meio : thalasso 100% nature !

Les excursions étant déjà complètes ce jour-là et n’ayant rien réservé au préalable, j’ai décidé de faire une balade facile l’après-midi, au Serrano, à la sortie du village, accompagnée d’un guide local. J’ai pu ainsi expérimenter une séance de « thalasso » en pleine nature sous les jets puissants des belles cascades du rio Lençois et dans les « jacuzzis » des merveilleuses pentes rocheuses du Ribeirão do Meio, l’une des rivières argileuses !

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Le guide m’a montré que l’argile est une fantastique peinture naturelle et j’ai ainsi arboré un nouveau maquillage pour empourprer mes joues… et profiter d’un super masque naturel plein d’oligo-éléments qui n’était pas sans me rappeler le Thanaka de Birmanie !

Découvrez la démo du guide dans cette video ainsi que l’écrin naturel de cette rivière qui se faufile entre de grands rochers roses (la couleur était beaucoup plus vive dans la réalité que sur cette video) :

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Grottes et plateaux

Le lendemain, cap au nord pour un circuit au départ de Lençois, accompagné d’un guide local et de deux vétérinaires brésiliennes originaires de São Paulo qui travaillent pour la santé publique et la prévention des maladies tropicales conjointement avec des médecins.

Au programme de cette journée :

  • Poço do Diabo
  • Morre do Pai Inácio
  • Gruta da Pratinha
  • Gruta Azul
  • Gruta Lapa Doce

Le temps étant capricieux et pluvieux, le guide décide d’inverser l’ordre des visites et de commencer par la grotte de Lapa Doce. Après avoir fait quelques pas dans un chemin digne d’un conte fantastique, au sol ocre rouge parsemé d’arbustes squelettiques, nous entr’apercevons les excavations extravagantes de la grotte qui ressemblent à un château ou une cathédrale encore plus irréelle que le chemin. Avec 35 m de haut et 90 de large, elle se traverse en 20 minutes de marche environ… à la lampe torche !

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Etant parfois claustrophobe, j’avoue avoir hésité à tenter l’expérience. Mais une nouvelle fois, la bienveillance des personnes qui m’accompagnaient et la prise de conscience de vivre une expérience unique que je ne revivrais sûrement jamais, m’ont décidée à franchir le pas.

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Outre les incroyables sculptures naturelles façonnées durant des millions d’années et le plaisir de découvrir une grotte de cette envergure non « emménagée » pour des centaines de touristes (aucun éclairage à part nos lampes torches qui passaient furtivement sur des concrétions aux formes étonnantes), je n’oublierai pas l’expérience proposée par le guide : tout éteindre pendant une minute et « savourer le silence ». C’est peut-être la seule fois de ma vie où je me suis retrouvée dans un noir total et silence intégral. C’était une sensation très forte, apaisante, presque primitive…

Des stalactites et des stalagmites aux formes étonnantes :

Rasta-lagmites !

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Dingo :

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« Médusée » par les stalagmites…

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La grotte Pratinha, que nous rejoignons un peu plus tard, abrite un lac aux eaux en principe turquoises mais malheureusement non lumineuses en ce jour gris. Nous laissons tomber l’option baignade et nous rendons directement à la Gruta Azul qui se trouve tout près. L’eau est limpide, d’un bleu « piscine » et nous pouvons apercevoir de nombreux petits poissons à l’œil nu.

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Nous poursuivons nos découvertes par l’ascension du plateau Morre do Pai Inácio. Le paysage superbe avec des plateaux parsemés de verdure, telles les marches d’un escalier pour géants, me fait encore plus comprendre pourquoi cette région est prisée des amateurs de treks. Il paraît qu’il existe des randonnées fantastiques de 3 à 4 jours au cœur de ce parc naturel.

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Nous terminons enfin la journée par une nouvelle balade qui nous emmène au Poço do Diabo, la piscine du diable… Sur le site planent de nombreuses légendes de sacrifices ou accidents humains. Cette fois, nous nous laissons tentés par une baignade rafraîchissante au pied des chutes, même si l’eau est cette fois beaucoup plus sombre en raison des oligo-éléments qui la colorent ainsi.

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Cachoeira do Sossego

Pour mon dernier jour au pays des diamants, je rejoins une excursion proposée par ma pousada pour découvrir les chutes de Sossego. Le soleil est de la partie aujourd’hui. Après une heure de rando dans la forêt, c’est une nouvelle heure de marche et escalade sur des rochers qui nous attend. Je ne m’attendais pas à cela… Je n’aime pas marcher sur les rochers, ce n’est pas du tout ma tasse de thé ! Mais encore une fois, la magie du voyage opère et je me laisse entraîner par mes nouveaux compagnons de route qui m’encouragent. La découverte de la belle cascade de Sossego mais peut-être plus encore, celle des incroyables formations géologiques tout au long du chemin m’ont beaucoup marquée et resteront un beau souvenir, empreint de nature à l’état brut mais aussi de dépassement de soi, un sentiment qui s’ancre de plus en plus positivement et fortement au cours de mon long périple. Toutes ces petites victoires face à mes phobies sont finalement ma rivière de diamants…

Je n’oublierai pas non plus la grande décontraction d’une de mes compagnes de rando ce jour-là, brésilienne de Rio qui a décidé de ne pas remette son short lors du trajet retour et s’est baladée en string les fesses en l’air de rocher en rocher ! Ah les mythes brésiliens…

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Un magnifique petit oiseau bleu, le Saira Azul... très vif et très difficile à photographier !

Un magnifique petit oiseau bleu, le Saira Azul… très vif et très difficile à photographier !

Après cette belle journée et avant de reprendre le bus de nuit, je me laisse bercer à mon retour par le charme du village de Lençois avec ses maisons colorées, ses enfants rieurs, ses ruelles pavées et ses nombreux restaurants en plein air.

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Bonito… un lieu qui porte bien son nom !

Un véritable lagon au centre du Brésil

Dates du séjour : du 23 au 25 août 2014

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Je n’avais jamais entendu parler de Bonito avant que mon amie brésilienne Ana, de Porto Alegre, ne me recommande de faire un crochet si j’en avais la possibilité, pour découvrir cet endroit prisé par les touristes brésiliens mais encore très préservé et peu connu de la clientèle internationale… Bref, une aubaine que je ne pouvais pas rater ! Ce lieu fait désormais partie des plus belles surprises de mon « tour du monde »…

Qu’y a-t-il donc de magique à Bonito ?

Imaginez un lagon tropical en pleines « terres » (à 1000 km de l’océan !) au sud du Pantanal, des grottes magnifiques dans un décor de jungle et des rivières d’une transparence exceptionnelle remplies de poissons multicolores…

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Bonito est à 4 heures de route environ de Campo Grande, l’une des principales villes d’accès pour la partie sud du Pantanal. J’avais réservé trois nuits au Bonito Ecological Hostel qui fait partie de la chaîne Hostelling International (HI). Lors de mon arrivée dans la pousada de Santa Clara au coeur du Pantanal, j’avais sympathisé avec un brésilien prénommé Sidney (le champion de la pêche aux piranhas) et avais découvert après quelques minutes de conversation que c’était en fait lui qui avait fait ma réservation au HI de Bonito dans lequel je me rendrais quelques jours après ! Il travaillait là-bas et avait pris un long week-end pour profiter du Pantanal. Il a terminé son séjour à la ferme de Santa Clara un jour avant moi. Je l’ai retrouvé le lendemain soir à l’accueil de l’auberge de Bonito avec la même bonne humeur et gentillesse que durant ses quelques jours de congés.

Le lendemain soir de mon arrivée, j’ai moi-même retrouvé mes autres compères de Santa Clara qui avaient décidé de me rejoindre à Bonito : Francesca et Ursula, les deux amies suisses, et un peu plus tard Tom, le Néerlandais et Toshiyuki, le Japonais.

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Nous trinquons au bar le « Taboa » avec Sidney, Ursula et Francesca pour fêter nos retrouvailles ! Beaucoup de locaux se lèvent pour danser le forro (danse nationale brésilienne) autour des tables. Décidément, j’aime beaucoup l’ambiance et l’atmosphère toujours très chaleureuse et musicale de ce pays. Le village de Bonito est agréable, traversé par une grande rue bordé de restaurants, bars et magasins.

Rio Da Prata

Parmi la trentaine d’excursions « éco-touristiques » disponibles autour de Bonito, je décide de réserver l’une des plus belles d’après les échos des voyageurs : Rio Da Prata. Il s’agit de descendre une rivière sur 4 km en masque et tuba, en petits groupes avec un accompagnateur, afin de préserver cet endroit remarquable. Il est interdit de poser les pieds au sol durant la majorité du parcours ou de mettre une crème solaire, afin de protéger au maximum la qualité de l’eau, de la faune et de la flore. Il est agréable de voir que le site n’est pas soumis au tourisme de masse et que tout est fait pour respecter la nature. Les eaux sont cristallines en raison d’une réaction chimique naturelle liée au calcaire qui dissout le dépôt de particules au fond de la rivière. On peut donc se laisser porter par le courant (globalement doux sauf à un moment avec quelques rapides), avec un masque et un tuba, comme on le ferait dans un lagon tropical.

Les photos ci-dessous, de qualité médiocre (appareil waterproof loué à Bonito), sont peu représentatives de la magie du lieu et des sensations de bien-être et de « flottement » que j’ai pu ressentir durant ces deux heures de parcours nautique. Cette expérience de lâcher-prise fait partie d’un des plus beaux souvenirs de mon voyage. J’étais honnêtement peu rassurée quand j’ai enfilé la combinaison, le masque et le tuba car je ne suis pas très à l’aise sous l’eau et parce que l’on m’avait dit qu’il était possible de croiser, toutefois de manière exceptionnelle, des caïmans ou des anacondas… Mais la bienveillance et l’humour de notre guide et du groupe qui m’accompagnaient et le fait que cela soit très peu profond m’ont permis de me laisser « transp-eau-rtée » par la magie de cet aquarium naturel.

C’est peu profond et cela me va bien !

Les eaux sont d’une transparence exceptionnelle ! Sur la photo ce n’est pas moi mais Ana, une brésilienne rencontrée à l’auberge de Bonito qui m’a gentiment conduit dans ce lieu magique alors que tous les transports des agences étaient complets.

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La fine équipe !

Cette fois-ci, c’est bien moi…

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En plus de cette expérience que je ne suis pas prête d’oublier, le site est magnifique et nous avons pu observer un fourmilier, beaucoup plus gros que je ne l’imaginais, un pivert décoiffé par le vent et un coucher de soleil que je vous laisse admirer…

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Gruta Do Lago Azul

Les deux jours suivants, Tom m’a accompagnée pour visiter la « Gruta Do Lago Azul », une grotte située dans une faille de 80 m de profondeur au fond de laquelle on découvre un petit lac qui prend, par réfraction des rayons solaires venus de la surface, une eau bleu azur…

Le casque de chantier m’a rappelé mon « expédition » au barrage d’Itaipu

Gruta do lago azul – un dénivelé de 80 m pour accéder au lagon !

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Balneario Municipal

Nous avons également loué un vélo pour nous rendre au Rio Formoso, à 7 km de Bonito, dans lequel se trouve le « Balneario Municipal », une piscine naturelle où l’on peut également nager au milieu des poissons.

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Si vous comptez visiter le Pantanal, n’hésitez pas à inclure Bonito dans votre parcours… J’espère vous avoir convaincus avec ce nouvel épisode des aventures Pics and Trips !

Ma prochaine destination sera l’une des villes les plus mythiques de notre planète : Rio de Janeiro !
Et pourtant mes premières impressions n’ont pas été les meilleures, je vous expliquerai pourquoi…

Le Sel de la Terre

Un photographe est quelqu’un qui écrit avec la lumière, dessine le monde avec des lumières et des ombres.

Je suis allée voir hier « le Sel de la Terre », le film documentaire de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado qui rend hommage à la vie, à la carrière et à l’engagement social du photographe brésilien Sebastião Salgado.

Ce film m’a profondément bouleversée, dès les toutes premières secondes.

J’ai jusqu’alors narré dans ce blog mes récits de voyages en Asie et en Amérique Latine réalisés cette année pendant huit mois, avec une volonté initiale de partager mon regard sur ce monde si riche et si divers, essentiellement à travers la photographie. J’ai réalisé au fur et à mesure de mes pérégrinations que j’avais également envie d’éclairer mes clichés avec mon ressenti et avec des témoignages sur ce que je vivais, sur ce qui m’interpellait.

Mon périple s’est achevé il y a plus d’un mois et j’ai replongé depuis dans l’univers citadin parisien. C’est vraiment un plongeon. On passe d’un environnement à un autre, de façon quasi-immédiate, avec peu de répit pour reprendre son souffle mais aussi une troublante et finalement rassurante capacité de ré-adaptation, comme si notre corps et notre esprit nous aidaient constamment à naviguer dans les différents fleuves de la vie, parfois tranquilles, parfois déchaînés, parfois limpides, parfois embourbés, parfois exaltants, parfois pesants. C’est peut-être la définition du mot vitalité, cet incroyable pouvoir de « résilience », qui nous pousse à avancer où que l’on soit et quelques que soient les aléas de la vie, avec ses joies et ses désarrois.

Ce film est justement un hommage à la vie et à la photographie. Alors que je suis très sensible aux couleurs, aussi bien en peinture que lorsque je prends des photos, toute l’oeuvre de Salgano est en noir et blanc. Cela m’a beaucoup frappée. La lumière transcende et sublime tous ses clichés, c’est du grand art.

 Je crois qu’on peut mettre beaucoup de photographes différents dans le même endroit, ils verront toujours des photos différentes. Ils forment leur manière de voir. Chacun en fonction de son histoire.

Sebastião Salgado, par son œuvre extraordinaire et son engagement humaniste, superbement mis en « lumière » par Wim Wenders et le fils de Sebastião, nous offre une véritable odyssée au cœur de l’Homme et de la Nature, au cœur de la « Comédie Humaine », souvent tragique mais également pleine de beauté et d’espoir.

Je savais déjà une chose de ce Sebastião Salgado : il aimait vraiment les êtres humains. Après tout, les hommes sont le Sel de la Terre. –Wim Wenders

Sebastião Salgado est né au Brésil en 1944 dans l’Etat du Minas Gerais. En 1973, après des études d’économie, il décida, avec le soutien de son épouse Lélia Wanick Salgado qui l’a épaulé durant toute sa carrière, de changer radicalement de métier et de se consacrer à la photographie.

Il va parcourir la planète et témoigner durant de nombreuses années des souffrances et des périls humains, que ce soit les risques quotidiens encourus par des milliers de chercheurs d’or brésiliens dans la plus grande mine à ciel ouvert du monde (Serra Pelada), les ravages de la famine en Ethiopie, le courage des pompiers tentant d’éteindre les incendies des champs pétrolifères au Koweit, les horreurs de la guerre en ex-Yougoslavie ou les atrocités du génocide Rwandais.

On est un animal très féroce, on est un animal terrible, nous les humains. Notre histoire c’est l’histoire des guerres, c’est une histoire sans fin, une histoire folle. – Sebastião Salgado

Ce qui frappe dans chacun de ses témoignages poignants, c’est l’immense dignité qui se dégage dans l’approche du photo-reporter. Il cherche la pleine immersion, à s’adapter et comprendre les communautés qu’il rejoint, le tout avec un grand respect, une certaine pudeur, ce qui peut paraître complètement paradoxal lorsqu’on découvre les clichés qui immortalisent l’horreur et la cruauté, tels ces parterres de corps mutilés dans des églises ou des écoles.

Plus que jamais, je sens que la race humaine est une. Au-delà des différences de couleur, de langue, de culture et de possibilités, les sentiments et les réactions de chacun sont identiques. Les gens fuient les guerres pour échapper à la mort ; ils émigrent pour améliorer leur sort ; ils se forgent de nouvelles existences dans des pays étrangers : ils s’adaptent aux pires situations. – Sebastião Salgado

Et pourtant, c’est l’espoir qui ressort de ce film, de ce chemin.

Le choc du génocide rwandais avait fait perdre le goût des photos à Sebastião Salgado.

Il est retourné en famille sur les terres de son enfance dans le Minas Gerais. Les terres de ses parents étaient passées en quelques décennies de paysage de forêt verdoyante à un désert sans âme. Sous l’impulsion de sa femme, les Salgado ont replanté des arbres pendant 10 ans. Deux millions et demi d’arbres plus tard, la forêt a retrouvé vie, un formidable message d’espoir, un hommage à la vie. Et elle a redonné le goût de la photographie à Sebastião.

Il va cesser de mettre en image les misères du monde pour en figurer les beautés et consacrer huit ans de sa vie et une trentaine de voyages pour nous révéler la nature de la planète dans toute sa splendeur. L’œuvre, intitulée « Genesis », fait l’objet d’une tournée mondiale depuis l’an dernier.

Genesis est la quête du monde des origines, celui qui a évolué pendant des millénaires avant d’être confronté au rythme de la vie actuelle, avant d’oublier ce qui fait de nous des êtres humains. Cette exposition nous présente des paysages, des animaux et des peuples qui ont su échapper au monde contemporain. Elle met à l’honneur ces régions vastes et lointaines où, intacte et silencieuse, la nature règne encore dans toute sa majesté.

On peut s’abreuver à la splendeur des régions polaires, des forêts tropicales, des savanes, des déserts torrides, des montagnes dominées par des glaciers et des îles solitaires. Si certains climats sont trop froids ou arides pour la plupart des formes de vie, on trouvera dans d’autres régions des animaux et des peuples qui ne pourraient survivre sans cet isolement. Ils forment ensemble une incroyable mosaïque où la nature peut s’exprimer dans toute sa grandeur.

Les photographies de Genesis aspirent à révéler cette beauté.

L’exposition constitue un hommage à la fragilité d’une planète que nous avons tous le devoir de protéger.

Lélia Wanick Salgado

Je n’ai pour ma part pas exploré des confins entièrement reculés ni rencontré la surprenante tribu isolée des Zoé au fin fond de la jungle amazonienne mais j’ai eu la chance de découvrir pléthore de splendeurs, y compris certaines qui figurent dans cette œuvre : les baleines que l’on peut toucher tellement elles sont près de nous, les tribus de manchots et les lions de mer, les oiseaux du Pantanal, les alligators, la forêt Atlantique du Brésil (mata atlântica en portugais), les icebergs, les déserts, la Cordillère des Andes, les si attachantes communautés péruviennes et boliviennes…

J’ai ressenti beaucoup d’émerveillement et d’humilité face à cette révélation de la Nature, qu’il s’agisse des espèces animales ou des paysages sublimes, naturels ou façonnés par la main de l’homme. Le titre même du film me renvoit aussi à des images inoubliables lors de mon périple : les Salines de Maras au Pérou et les majestueuses rizières de Sapa, du Yunnan et de la région de Guilin en Chine, façonnées à la main par les Hommes depuis des milliers d’années. « La Main de l’Homme » est d’ailleurs un autre projet monumental de Sebastião Salgado, réalisé entre 1986 et 1992, un livre et une exposition qui documentent le travail manuel dans le monde.

Salines de Maras - Pérou

Salines de Maras – Pérou

« Le Sel de la Terre » m’a bouleversée car il est au cœur de l’humain et nous rappelle ce qui est essentiel.

Si vous ne l’avez pas encore vu, courez voir ce documentaire magistral. C’est une véritable leçon d’humanité, un hommage à la Vie, la la Photographie, à la Nature et à l’Espoir.

Bande-annonce « Le sel de la Terre » – Sortie le 15 octobre 2014 – Un film de Wim Wenders, Juliano Ribeiro Salgado